Opposé au terme anglais de downcycling, upcycling est fréquement traduit en français par surcyclage. Le législateur français préfère la traduction de recyclage valorisant et définit la notion comme la “fabrication, à partir d’objets ou de matériaux de récupération, de produits de plus haute valeur que les objets ou matériaux d’origine”. Quelle que soit la définition, le produit final obtenu est donc de qualité, valeur ou utilité supérieure. Si ces notions sont parfois subjectives, la nature des objets ou matériaux surcyclés peu également poser question. En français aussi bien qu’en anglais, le terme employé ainsi que sa définition semblent rapprocher la pratique d’une forme de recyclage. Cependant, il est fréquemment utilisé dans le domaine du réemploi ou de la réutilisation, lorsque l’usage ou la fonction d’un élément sont détournés (une porte devenant par exemple une table). Cette utilisation parfois peu précise vient donc renforcer la confusion qu’il peut y avoir entre recyclage et réemploi (et que nous distinguions déjà ici). Dans le cas du réemploi, nous préférerons donc parler de détournement en réservant le terme de surcyclage au domaine exclusif du recyclage.
Étiquette : matières premières
#DEF – downcycling
Le terme anglais de downcycling se traduit en français par sous-recyclage (mais également infrarecyclage, décyclage, sous-cyclage ou encore recyclage dévalorisant). Il désigne une forme de recyclage que le législateur français définit comme la “fabrication, à partir d’objets ou de matériaux de récupération, de produits de moindre valeur que les objets ou matériaux d’origine”. D’autres définitions spécifient quant à elles que lesdits produits sont de qualité, valeur ou utilité inférieure. L’exemple de la valorisation du béton est à cet égard particulièrement frappant. En effet, le béton issu de déconstructions est majoritairement concassé pour être utilisé en remblaiement dans la construction de routes (voir à ce sujet un article de la Fondation Bellona, ONG environnementale internationnale). La perte de valeur du matériau est ici évidente.
On l’a vu, le choix du recyclage implique bien souvent un apport de matières premières non négligeable ainsi qu’une dépense d’énergie sans commune mesure avec le réemploi. Mais le sous-recyclage qui se cache trop souvent derrière le terme de recyclage peut ajouter à cela l’obtention d’un produit inférieur. Un argument de plus, donc, en faveur du réemploi! Notons que l’inverse du sous-recyclage existe cependant bel et bien. Il s’agit du surcyclage ou upcycling, qui fait souvent la part belle à la réutilisation.
#DEF – urban mining
Le terme urban mining désigne à l’origine le processus de récupération de matières premières issues de déchets. Il concernait ainsi principalement l’extraction de métaux présents dans les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), mais il peut désormais s’appliquer à d’autres secteurs. C’est notamment le cas du secteur de la construction. De plus, bien qu’associé principalement au recyclage, il peut par extension se rapporter également au réemploi. Il n’y a dès lors plus de retour à la matière première et l’urban mining devient un processus d’identification puis de récupération d’éléments à réemployer issus de l’espace construit et principalement des bâtiments de nos villes. Il regroupe des opérations d’inventaire, de déconstruction ou encore de stockage.
Notion importante au sein du concept d’économie circulaire, l’urban mining permet de réduire la consommation de matières premières tout en limitant les émissions liées à leur extraction ainsi que la quantité de déchets que nous produisons. Elle met également en évidence le rôle toujours croissant que jouent les villes en tant que sources de matériaux de réemploi en circuit court.
Dans une logique d’analogie minière, il sera question de gisement pour désigner des éléments potentiellement réemployables, identifiés par certaines caractéristiques propres et regroupés en un ou plusieurs endroits. Suivant une logique légèrement différente, il est parfois aussi question de banque de matériaux. Dans ce cas, les matériaux ne sont en général plus simplement perçus comme des éléments à récupérer et à valoriser mais comme faisant partie d’un processus de construction intégrant le réemploi et qui les caractérise et les identifie clairement dès la conception. C’est par exemple le cas lorsque le système constructif des bâtiments intègre leur future déconstruction.
«Sand Wars»
Au-delà du coût énergétique et écologique faramineux de l’extraction des matières premières servant à l’élaboration des matériaux de construction, l’extractivisme doit en outre faire face à un phénomène de raréfaction. Le documentaire de Denis Delestrac «Le sable, enquête sur une disparition» / «Sand Wars» datant de 2013 met l’accent sur l’inquiétante raréfaction de cette ressource naturelle fortement demandée par le secteur de la construction et s’attaquant à 75% des plages dans le monde.
Le film est à voir sur Vimeo.
Material Footprint
Le site Materialflows donne une idée de la consommation de matières premières (RMC – Raw Material Consumption) par secteur d’activité et par pays. En 2013, le secteur de la construction en Espagne représentait la part la plus importante, soit 24%, de la consommation de matières premières du pays. En France, ce secteur comptait pour 15% et pour 18% en Belgique.
A titre d’exemple, l’extraction de granulats ou agrégats (sable, gravillon, gravier – sand gravel and crushed rock) sur la période entre 1970 et 2017, augmente de 409% dans le monde pour arriver à 28 562 274 kt extraites. L’Europe prenait à son compte en 2017 11% de ces quantités.
Autre donnée issue de ce site, en 2015, environ 84,4 Gt de matières premières étaient extraites dans le monde mais seulement 8,4 Gt, soit environ 10%, de matériaux recyclés réintégraient le marché !