“Building Materials and the Climate”

Le rapport “Building Materials and the Climate: Constructing a New Future”, élaboré en 2023 par le United Nations Environment Programme et le Yale Center for Ecosystems + Architecture, dans le cadre de l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction (GlobalABC), nous rappelle une fois de plus que le secteur de la construction est responsable de 37% des émissions de gaz à effet de serre et qu’il y a urgence à accélérer sa décarbonation (nous vous en parlions déjà ici et ici). Cela passe non seulement par une diminution de l’énergie et du carbone opérationnels mais aussi par celle de l’énergie et du carbone gris. Seule une approche sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment, via notamment des outils d’ACV semble donc pouvoir entraîner une réelle décarbonation du secteur. Il s’agit également d’éviter l’extraction de nouvelles matières premières et de diminuer la production de déchets en faisant avec moins dans une logique d’économie circulaire.

Le but premier reste d’étendre la durée de vie des bâtiments et de leurs composants en privilégiant la rénovation (réduction des émissions de GES de 50 à 75%) et des stratégies de “design for disassembly” pour les constructions neuves (réductions des émissions de GES de 10 à 50%), tout en favorisant la déconstruction sélective et le réemploi des matériaux. À ce sujet, le rapport insiste sur la nécessaire structuration d’un secteur potentiellement créateur d’emplois et sur le besoin d’un appui, tant financier que législatif:

“A new supply-and-demand model is needed, with new enterprises that allow for the careful dismantling of buildings and for the storing, preparation and maintenance of second-cycle materials for resale that will enable circular economies while providing job opportunities.”

p. xi

“Efforts by individual stakeholders to improve decarbonisation outcomes will not succeed unless they are supported by policy and finance across the different phases of the building process.”

p. xi

Toujours selon le rapport, réduire l’extraction de nouvelles matières premières, notamment grâce au réemploi, présente comme autre avantage de réduire les maladies liées à certains types de métiers:

“Reducing raw material extraction and harvesting through recycling and re-use may also mitigate social ills such as forced labour upstream in the supply chain.”

p. xiv

Le rapport cite différentes études de cas où une déconstruction sélective, combinée au réemploi et au recyclage, a permis une réduction des émissions de GES allant de 59% à 70% (p. 20)! Néanmoins, le texte reste relativement ambigu sur la différence à faire entre réemploi et recyclage, les mettant trop souvent sur un pied d’égalité ou en ne faisant pas de nette distinction entre les deux. Il reconnaît tout de même (comme nous vous l’expliquions dans un article précédent) que le recyclage conduit régulièrement à la création d’un produit de valeur inférieur:

“In a circular economy paradigm of “re-use, repair, recycle,” where waste is eliminated, the practice of recycling or downcycling becomes a last resort, as it typically results in a product of lesser value.”

p. 24

Par ailleurs, le rapport émet une série de recommandations visant à adapter normes et standards, favorisant l’utilisation de l’ACV dès l’étape de la conception ainsi qu’une approche circulaire, notamment via le réemploi et la création ou la structuration d’un secteur dédié:

“Adopt renovation policies that encourage the diversion of end-of-life material for recovery and recycling, promote regulation and measuring of whole building life-cycle carbon emissions, incorporate design for disassembly, and provide quality long-lasting material assemblies in retrofit solutions.”

p. 83

“Incentivise a marketplace for material re-use and develop standards to ensure the quality and efficacy for their use, in order to provide assurance to actors in the building sector.”

p. 83

Si ce rapport ne nous apprend finalement pas grand chose de neuf, il a l’avantage d’être une bonne piqûre de rappel, en diffusant à échelle mondiale l’idée que le secteur de la construction a un besoin urgent de changement et que le réemploi des matériaux est une des clés pour y arriver!


Les données chiffrées ainsi que l’ensemble des citations en anglais proviennent toutes du rapport – United Nations Environment Programme (2023). Building Materials and the Climate: Constructing a New Future. Nairobi.

#DEF – upcycling

Opposé au terme anglais de downcycling, upcycling est fréquement traduit en français par surcyclage. Le législateur français préfère la traduction de recyclage valorisant et définit la notion comme la “fabrication, à partir d’objets ou de matériaux de récupération, de produits de plus haute valeur que les objets ou matériaux d’origine”. Quelle que soit la définition, le produit final obtenu est donc de qualité, valeur ou utilité supérieure. Si ces notions sont parfois subjectives, la nature des objets ou matériaux surcyclés peu également poser question. En français aussi bien qu’en anglais, le terme employé ainsi que sa définition semblent rapprocher la pratique d’une forme de recyclage. Cependant, il est fréquemment utilisé dans le domaine du réemploi ou de la réutilisation, lorsque l’usage ou la fonction d’un élément sont détournés (une porte devenant par exemple une table). Cette utilisation parfois peu précise vient donc renforcer la confusion qu’il peut y avoir entre recyclage et réemploi (et que nous distinguions déjà ici). Dans le cas du réemploi, nous préférerons donc parler de détournement en réservant le terme de surcyclage au domaine exclusif du recyclage.

#DEF – downcycling

Le terme anglais de downcycling se traduit en français par sous-recyclage (mais également infrarecyclage, décyclage, sous-cyclage ou encore recyclage dévalorisant). Il désigne une forme de recyclage que le législateur français définit comme la “fabrication, à partir d’objets ou de matériaux de récupération, de produits de moindre valeur que les objets ou matériaux d’origine”. D’autres définitions spécifient quant à elles que lesdits produits sont de qualité, valeur ou utilité inférieure. L’exemple de la valorisation du béton est à cet égard particulièrement frappant. En effet, le béton issu de déconstructions est majoritairement concassé pour être utilisé en remblaiement dans la construction de routes (voir à ce sujet un article de la Fondation Bellona, ONG environnementale internationnale). La perte de valeur du matériau est ici évidente.

On l’a vu, le choix du recyclage implique bien souvent un apport de matières premières non négligeable ainsi qu’une dépense d’énergie sans commune mesure avec le réemploi. Mais le sous-recyclage qui se cache trop souvent derrière le terme de recyclage peut ajouter à cela l’obtention d’un produit inférieur. Un argument de plus, donc, en faveur du réemploi! Notons que l’inverse du sous-recyclage existe cependant bel et bien. Il s’agit du surcyclage ou upcycling, qui fait souvent la part belle à la réutilisation.

Mujeres invisibles

Au cours des dernières décennies, la proportion d’étudiantes dans les écoles d’architecture espagnoles a augmenté considérablement, passant de 15% dans le courant des années 80 à plus de 50% aujourd’hui. Cependant, l’amélioration de la situation des femmes architectes dans le domaine professionnel n’est pas proportionnel à l’augmentation du nombre d’étudiantes. Dans le cas plus spécifique de la communauté autonome du Pays basque, c’est ce que met en évidence une étude de 2020 réalisée par l’architecte Verónica Benedet et financée par Emakunde (Instituto Vasco de la Mujer), qui démontre que «les femmes architectes au Pays basque subissent des inégalités de différentes ampleurs dans presque tous les domaines de l’architecture, tant dans les espaces d’enseignement et de recherche que dans le libre exercice de la profession, dans les fonctions dirigeantes et, fondamentalement, dans la reconnaissance sociale de leurs contributions.» Le plan d’études des écoles d’architecture est le reflet de cette situation, qui demeure centré sur l’idée de génie et auteur individuel, et occulte la contribution et l’héritage des femmes architectes à travers l’histoire, laissant ainsi les étudiantes sans références féminines. D’autre part, ce même plan d’études continue d’afficher une prédilection pour l’aspect formel de constructions nouvelles, délaissant d’autres thématiques comme la réhabilitation ou la rénovation, tout en oubliant la dimension sociale de l’architecture.

Une fois sorties des écoles, il s’agit pour les femmes de s’adapter et de trouver leur place dans un monde professionnel masculinisé, au sein duquel les hommes continuent d’incarner la sécurité et le professionnalisme aux yeux de nombreux clients, et où l’autorité des femmes architectes est souvent remise en cause. Outre les discriminations et la précarité subies par de nombreuses femmes, la passion exclusive pour le métier, apprise et intériorisée dès la première année de leur parcours universitaire, fait que la plupart des femmes finissent par abandonner partiellement ou totalement leur carrière professionnelle devenue incompatible avec les tâches liées à la sphère domestique, qui leur incombent encore majoritairement (la moitié des femmes interrogées lors de l’étude portent encore seules la charge domestique). Les femmes disparaissent ainsi petit à petit des espaces de la profession. Le pourcentage de femmes dans les services d’architecture et d’ingénierie de la communauté autonome du Pays basque, ainsi que le pourcentage de femmes architectes basques inscrites à l’Ordre des architectes, est proche de 30 %. Pour ce qui est de l’école d’architecture ETSA de San Sebastián par exemple, seul 24 % du personnel enseignant et de recherche sont des femmes. Et le pourcentage de femmes récompensées par un prix architectural ou publiées est encore plus faible. Bien que l’étude de Verónica Benedet se concentre sur la communauté autonome du Pays basque, la situation décrite se répète ailleurs. Le combat de Denise Scott Brown pour sa reconnaissance est à cet égard assez évoquateur (voir à ce sujet un article du journal Le Monde), comme peut l’être aussi l’invisibilisation des pionnières de l’architecture à travers le monde (voir à ce sujet un article de Beaux Arts Magazine consacré aux femmes étudiant au Bauhaus).

Cette situation amène les femmes à rechercher des alternatives professionnelles liées à l’architecture et à la construction, mais dans lesquelles leur contribution ainsi que la perspective de genre sont prises en compte. Des pratiques professionnelles à dimension environnementale, sociale et culturelle, et où l’accent est mis sur le travail collectif, comme l’urbanisme inclusif, la réhabilitation, la restauration ou le réemploi, peuvent contribuer à déconstruire les canons androcentriques, donnant naissance à un autre type d’architecture, plus inclusive. Espérons que le monde du réemploi soit conscient de cette capacité de transformation!


L’étude “Arquitectas (in)VISIBLES en Euskadi” réalisée par Verónica Benedet, et qui sert de base à cet article, est disponible sur le site web de Emakunde. Des enquêtes similaires antérieures y sont citées, parmi lesquelles l’étude “Where Are the Women? Measuring Progress on Gender in Architecture” publiée par l’Association of Collegiate Schools of Architecture, ACSA (Etats-Unis et Canada), l’étude “Equity and Diversity in the Australian Architecture Profession: Women, Work and Leadership” publiée par Parlour (Australie), ainsi que le projet européen TRIGGER (Transforming Institutions by Gendering Contents and Gaining Equality in Research). Notons qu’il existe une Asociación de mujeres arquitectas de España (AMAE), une Union Internationale des Femmes Architectes (UIFA), fondée à Paris, ainsi que l’association européenne Yes We Plan!

Carbon footprint

Le calcul de l’empreinte carbone vise à mesurer l’impact d’une activité humaine sur l’environnement au travers des émissions de gaz à effet de serre (GES) directes et indirectes qu’elle génère, selon une approche similaire à celle d’une d’analyse du cycle de vie (ACV). Ces émissions, responsables du dérèglement climatique, sont exprimées en équivalents CO2 (CO2e). Un tel calcul permet de mettre en évidence certaines situations problématiques et d’envisager de possibles économies.

S’il n’est pas toujours simple de s’y retrouver dans les chiffres fournis concernant l’empreinte carbone de certains matériaux ou projets et les éventuelles économies de GES liées au réemploi, une autre difficulté peut être de se rendre compte de ce à quoi ces quantités correspondent. Si toute économie de CO2 peut nous sembler quoi qu’il arrive intéressante, du moins si elle n’entraîne pas de transferts d’impact, que représente exactement 0,5kg de CO2 par brique réemployée dans le projet REBRICK ? Que sont 25t de CO2 économisées à la Grande Halle de Colombelles, ou 500t CO2e pour le projet K 118 ? Sans s’interroger ici sur les méthodes de calcul menant à de tels résultats, nous avons simplement voulu exprimer ces quantités en des termes plus concrets.

Un outil de calcul de la EPA (United States Environmental Protection Agency) nous apprend ainsi que 0,5kg de CO2 correspond à environ 2km en voiture ou à une soixantaine de charges de smartphone. Un autre outil de calcul développé par l’ADEME en France nous montre quant à lui que 25t de CO2 représentent par passager 245 000km en avion, soit environ 6 fois le tour de la Terre, et que 500t CO2e représentent enfin plus de 70 ans de chauffage d’une maison moyenne !

Ceux qui voudraient évaluer leur empreinte carbone et envisager d’éventuelles économies, peuvent se rendre ici, ici, ou ici en français. Eurostat nous apprend par ailleurs que l’empreinte carbone annuelle par habitant européen s’élevait en 2018 à 7t CO2e, en diminution toutefois par rapport aux années précédentes !

#DEF – urban mining

Le terme urban mining désigne à l’origine le processus de récupération de matières premières issues de déchets. Il concernait ainsi principalement l’extraction de métaux présents dans les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), mais il peut désormais s’appliquer à d’autres secteurs. C’est notamment le cas du secteur de la construction. De plus, bien qu’associé principalement au recyclage, il peut par extension se rapporter également au réemploi. Il n’y a dès lors plus de retour à la matière première et l’urban mining devient un processus d’identification puis de récupération d’éléments à réemployer issus de l’espace construit et principalement des bâtiments de nos villes. Il regroupe des opérations d’inventaire, de déconstruction ou encore de stockage.

Notion importante au sein du concept d’économie circulaire, l’urban mining permet de réduire la consommation de matières premières tout en limitant les émissions liées à leur extraction ainsi que la quantité de déchets que nous produisons. Elle met également en évidence le rôle toujours croissant que jouent les villes en tant que sources de matériaux de réemploi en circuit court.

Dans une logique d’analogie minière, il sera question de gisement pour désigner des éléments potentiellement réemployables, identifiés par certaines caractéristiques propres et regroupés en un ou plusieurs endroits. Suivant une logique légèrement différente, il est parfois aussi question de banque de matériaux. Dans ce cas, les matériaux ne sont en général plus simplement perçus comme des éléments à récupérer et à valoriser mais comme faisant partie d’un processus de construction intégrant le réemploi et qui les caractérise et les identifie clairement dès la conception. C’est par exemple le cas lorsque le système constructif des bâtiments intègre leur future déconstruction.

Guerre aux démolisseurs

Interior view of the Saint-Landry church, demolished in 1829 – unknown author – Musée Carnavalet, Histoire de Paris (Public domain)

L’écrivain français Victor Hugo est aussi connu pour avoir été l’un des grands défenseurs au XIXe siècle du patrimoine et de l’architecture médiévale. La défense des cathédrales gothiques et de Notre-Dame de Paris en particulier en est peut-être l’exemple le plus significatif.  Dans sa Note sur la destruction des monuments en France (1825) ainsi que dans Guerre aux démolisseurs (1832), il s’insurge contre les “ignobles spéculateurs” responsables de ces destructions, argue du fait que la beauté d’un édifice appartient à tout le monde, et réclame une loi qui protège le patrimoine. 

Dans ces deux textes, outre une liste considérable de destructions, dont celle de l’église Saint-Landry, il est fait mention à de nombreuses reprises et de façon peu flatteuse, de la vente et du réemploi des matériaux qui en sont issus. Victor Hugo constate que “c’est dans ces magnifiques ruines que le tailleur de pierre choisit des matériaux”, s’offusque du comportement de tel propriétaire “qui ne voit dans un monument qu’une carrière de pierres” ou de tel autre qui “vendra le Parthénon pour le prix de la pierre”. Ce maçon s’en sort un petit peux mieux, qui, ayant participé aux travaux de démolition partielle d’une église, réutilisa certains éléments afin de s’en faire “une admirable maisonnette”.

Si le contexte du réemploi des matériaux, ayant trait à la protection d’édifices historiques, est ici très spécifique, il met néanmoins en évidence les difficultés – voire les contradictions – avec lesquelles il faut traiter. Comment encourager au réemploi mais de façon respectueuse, tant des éléments à réemployer que des édifices eux-mêmes ? Comment éviter la spéculation au réemploi et éviter qu’un bâtiment n’ayant pas vocation à être détruit le soit afin d’en réemployer certains éléments ? Comment éviter enfin que le réemploi ne serve de prétexte ou d’excuse à une démolition ?

Une version de “Guerre aux démolisseurs” est notamment disponible en français sur wikisource.

Déconstruction d’une cheminée d’usine

Usine et sa cheminée (image d’illustration) – Aubervilliers vers 1900, France (Public Domain)

Le journal hebdomadaire français « La Nature », revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l’industrie, publiait en 1884 la chronique de la déconstruction d’une cheminée d’usine en vue du réemploi de ses matériaux.

« Démolir une cheminée d’usine dans des conditions telles que les matériaux en provenant puissent être employés de nouveau et cela malgré la présence de constructions environnantes rendant les abords inaccessibles, tel est le problème qu’ont résolu MM. R. M. et J. Bancroft (…) » (extrait)

La suite de la chronique, disponible en français sur le Conservatoire numérique des Arts et Métiers (Cnum), p.382, décrit le procédé technique mis au point pour pouvoir descendre les briques par l’intérieur de la cheminée tout en amortissant leur chute par un double système de couloir vertical, permettant une certaine compression de l’air, et de caisse à porte élastique. Se pose ici toute la question d’une déconstruction soigneuse afin de préserver tant les bâtiments à proximité que les matériaux de réemploi eux-mêmes. 

Re-use until the 20th century

Palacio de la Industria (Main building, Barcelona Universal Exposition) – 1888 (unknown author) – public domain

Si la pratique du réemploi des matériaux de construction semble aujourd’hui relativement marginale, elle était encore courante il y a un peu plus d’un siècle. En 1890, le «Diario de Cataluña » (extrait ci-dessous en espagnol) fait ainsi part d’une vente publique, par lots, de matériaux (tuiles, bois, fer…) issus de la déconstruction partielle du Palais de l’Industrie à Barcelone ainsi que de projets de réemploi pour certains de ces matériaux.

De la même manière, «Le Soir » (extrait ci-dessous) mentionne, en 1893, la vente publique de matériaux issus de la démolition du Château royal de Laeken en Belgique. À peu près à la même époque, d’autres journaux font d’ailleurs mention de magasins et de dépôts de vieux matériaux, de la manière dont les projets se finançaient en vendant des matériaux déconstruits ou dont des expropriations pouvaient mener à la vente de matériaux.

Ces pratiques de réemploi restent en vigueur jusqu’au début du XXe siècle. En 1903, en France, «L’Annuaire du Bâtiment, des Travaux Publics et des Arts Industriels » (extrait ci-dessous) donne une série de prix pouvant être appliqués à la dépose, au nettoyage, au transport et à la repose sur place ou non de différents matériaux.


Extraits:

Diario de Cataluña (16-01-1890), p. 2 : « En uno de los días de la semana próxima, se verificará una subasta pública para la adjudicación de los materiales procedentes del derribo de las naves laterales del Palacio de la Industria. Se han formado lotes de diversas clases, entre ellos de tejas, maderas y hierro. Parte de dichos materiales se aprovecharán para la verja y galerías del nuevo Palacio Real que se está construyendo en la Ciudadela. También se destinará otra parte a las puertas, cerca y otras dependencias del nuevo Matadero. »

Le Soir (10-12-1893), p. 3 : « Le receveur des domaines de Bruxelles-banlieue […] procédera […] au jardin du Château royal de Laeken, à la vente publique de vieux matériaux et objets provenant de la démolition du Château royal de Laeken, consistant en poutrelles de fer (11,280 kilos), vieux plomb (450 kilos), vinc [sic] zinc (400 kilos), 425 châssis, portes, un dynamo en bon état avec accessoires, etc., etc. »

Annuaire du Bâtiment des Travaux Publics et des Arts Industriels (1903), p. 2312 et suivantes et principalement p. 2322 et 2323 (les prix sont donnés en francs et centimes): « Prix et renseignements pouvant être appliqués aux appareils, articles, matériaux & produits ordinairement employés […] / Décarrelage de carreaux petits et grands avec son réemploi sur place (le mètre superficiel) 0 09 […] / Découverture (au mètre superficiel) : – en ardoise 0 24 – en zinc pour réemploi 0 27 – en tuiles plates 0 20 – en tuiles à emboîtement 0 10 […] / Dépavage de pavés posés sur mortier de chaux sans transport, mais avec rangement et décrottage, le mèt. Sup. 0 25 […] / Dépose de pierres avec soin pour être conservée [sic] […], le mètre cube 7 00 […] – en démolition 3 70 […] / Dépose et repose de persiennes […] / Dépose de verres, compris démasticage, (prix moyen) le mètre superficiel 1 05 / Dépose et repose de vasistas, la pièce 0 60 / Dépose et repose de châssis de toit […] / Dévoligeage (au mètre superficiel) – pour réemploi 0 30 – pour démolition 0 10 […] »

Circular economy actions

La législation et les actions politiques actuelles relatives à l’économie circulaire mettent avant tout l’accent sur le recyclage, au détriment bien souvent du réemploi. Les recommandations de réduction des déchets faisant mention du réemploi s’accompagnent rarement, on l’a vu, de mesures concrètes. Il existe néanmoins une série de cas pratiques de mise en application de ces législations ou de ces décisions politiques et qui concernent le réemploi des matériaux de construction. Ceux-ci mettent en avant l’importance du rôle des pouvoirs publics et peuvent aller du simple accompagnement jusqu’à l’obligation en passant par la recommandation, en suivant la logique d’action permettre, encourager et obliger.

La série de cas pratiques décrits en fin d’article correspondent à des exemples incitatifs – visant à encourager – ou contraignants – visant à obliger – dans des pays et des territoires où une action préalable a déjà été menée afin de rendre possible le réemploi des matériaux. L’absence d’une telle action préalable sur le territoire espagnol ou au sein de la Communauté Autonome du Pays basque ne permet sans doute pas à l’heure actuelle la plupart des actions incitatives ou contraignantes de la part des pouvoirs publics. Il conviendrait dans un premier temps (et ce blog s’y emploie) de rendre visible et de faciliter les pratiques de réemploi avant d’envisager d’autres types d’actions. Néanmoins, un tour d’horizon de ce qui se fait déjà à l’étranger permet de se rendre compte de ce vers quoi nous pourrions nous diriger.

Suit ici une liste non exhaustive de ces cas pratiques, à commencer par des exemples incitatifs, pouvant aller de l’utilisation des marchés publics au soutien aux entreprises, en passant par des primes aux projets ou des incitatifs fiscaux :

  • En Belgique, la région wallonne a initié une étude visant une priorisation des matériaux de réemploi dans les cahiers des charges, mais aussi une série de recommandations pour l’élaboration des marchés publics afin d’y favoriser le réemploi. Par ailleurs, la Région de Bruxelles-Capitale, dans le cadre de son Programme Régional en Économie Circulaire, fournit une feuille de route aux nombreuses mesures dont certaines ayant vocation à devenir progressivement contraignantes. Le fréquent fonctionnement par subsidiarité de la Région amène au soutien du secteur via des appels à projets (BeExemplary ou BeCircular), des primes ou avantages fiscaux comme un futur taux de 6% de TVA pour des éléments de réemploi. Par ailleurs, est prévu pour 2021, parmi toute une série d’autres mesures favorisant ou sensibilisant au réemploi, l’obligation d’inventaire des matériaux pré-déconstruction.
  • À Seattle (U.S.A.), l’obtention d’un permis de déconstruction de bâtiments résidentiels est soumis, entre autre, à un réemploi des matériaux de construction d’un pourcentage minimal de 20% (hors asphalte, briques et bétons) ainsi qu’à la présentation d’un rapport identifiant les quantités d’éléments réemployés et recyclés. Ce processus permet d’engager une déconstruction avant qu’un nouveau permis de construire ait été délivré.

Voici maintenant une série d’exemples contraignants, liés à une obligation d’inventaire pré-démolition (aussi appelé diagnostic ressource) et/ou de déconstruction sélective, à une obligation de diriger certains éléments issus de la déconstruction vers des filières de réemploi, ou à une obligation d’intégrer certains éléments de réemploi dans de nouveaux projets :

  • En France, l’article 51 de la récente Loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, prévoit l’obligation lors de certains « travaux de démolition ou réhabilitation significative de bâtiments », d’un « diagnostic relatif à la gestion des produits, matériaux et déchets », « en vue, en priorité, de leur réemploi ou, à défaut, de leur valorisation ». L’article 59 de cette même loi modifie le Code de l’environnement (Article L 228-4) et oblige à veiller au réemploi des matériaux lors de commandes publiques dans le domaine de la construction.
  • À Portland (U.S.A.), imposition est faite d’une déconstruction permettant le réemploi des matériaux en lieu et place d’une simple démolition. Cette imposition concerne certains bâtiments dont des construction unifamiliales ayant une structure datant d’avant 1940 (voir ici).
  • Dans le Cook County (U.S.A.), lors de l’obtention d’un permis de démolition de bâtiments résidentiels, imposition est faite de diriger un minimum de 5% des matériaux vers des filières de réemploi (voir ici).

Ce texte se base en partie sur un rapport produit par Rotor dans le cadre du projet de recherche “le bâti bruxellois source de nouveaux matériaux” (BBSM) et qui propose des pistes d’action et des jalons pour développer le réemploi. S’y retrouvent plusieurs des exemples cités ici ainsi qu’une foule d’autres informations.