Catedral de Santa María

Lorsque l’on évoque la déconstruction et le réemploi des matériaux de construction, il existe un cas très spécifique qui est celui des sites patrimoniaux. Les objectifs du réemploi ne sont alors plus seulement économiques et environnementaux mais avant tout historiques. La restauration de la cathédrale Santa María de Vitoria-Gasteiz est un bon exemple d’application de ce type particulier de réemploi. Le monument historique dont les bases remontent à l’an 1200 et inscrit par l’UNESCO en 2015 comme l’un des biens individuels du Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle se caractérisait par de graves problèmes structurels. La fermeture de l’édifice au public, la présentation en 1998 du Plan Directeur de Restauration Intégrale et la création de la Fondation Cathédrale Santa María pour le gérer et le développer, ouvrirent une période de restauration de la cathédrale toujours d’actualité après plus de vingt ans.

Tout au long du processus de restauration, l’un des critères fondamentaux a été le réemploi in situ des matériaux. Lorsque ce réemploi est possible, il implique le démontage, le traitement et le stockage d’éléments historiques en bois, pierre ou céramique avant leur réinstallation ou leur éventuelle redistribution dans le but d’améliorer le fonctionnement structurel, en profitant ainsi de travaux antérieurs dans différentes parties de la cathédrale. Lors de la reconstruction des toitures, c’est de cette façon que de nombreuses poutres en bois de chêne ont été récupérées. Ont également été récupérées 13 319 tuiles en céramique destinées plus spécifiquement à la couverture du chevet de la cathédrale, constitué d’une alternance de tuiles courbes concaves et convexes, partiellement superposées. La plupart des tuiles réemployées sont de type convexe (cobija), les tuiles de type concave (canal) ayant été substituées par de nouvelles pièces. Et il n’est pas rare que les pièces réemployées conservent des traces de leur histoire, comme par exemple la marque correspondant à leur atelier d’origine.

Les matériaux historiques réemployés sur les chantiers très spécifiques de protection du patrimoine sont sans aucun doute considérés comme une richesse mais cette vision pourrait-elle s’étendre à d’autres matériaux plus communs? Peut-être pourrions nous nous inspirer du travail réalisé au sein de la cathédrale Santa María et reconnaître également l’importance culturelle du réemploi lorsque celui-ci s’applique à des matériaux et à un patrimoine plus ordinaires.


Le site internet de la Fondation Cathédrale Santa María regroupe de nombreuses informations sur les chantiers de restauration passés et actuels.

Collectif Etc – 2

Habitué au travail du bois, le Collectif Etc participe en 2016 au chantier de remontage d’une ancienne étable à colombages du XIXe siècle. Celui-ci a lieu sur le site de l’Écomusée d’Alsace, musée en plein air dédié aux traditions et à la vie actuelle. Ce réemploi, servi par les techniques traditionnelles de la construction en bois, fat suite à un travail préalable de déconstruction et de numérotage de la part des équipes du musée. La vision d’une tradition remise au goût du jour défendue par l’Écomusée se traduit, lors de la reconstruction, par la réinterprétation des techniques anciennes et l’utilisation de vis ou d’un mur en béton. D’anciennes tuiles artisanales seront également réemployées. Tout ceci nous rappelle l’importance de certaines techniques parfois oubliées et les leçons qu’il y aurait à en tirer alors que nous redécouvrons la déconstruction et le réemploi.

Toujours sur le site de l’Écomusée, le Collectif Etc mène en parallèle un travail de recomposition d’une autre structure à colombages. Cette fois-ci, des pièces sont manquantes et le plan n’existe plus : un véritable puzzle pour constructeur en kit avec comme seule piste la petite plaque métallique numérotée que portent certaines pièces en bois. Les inévitables difficultés rencontrées illustrent bien l’importance de la déconstruction et de la numérotation qui, si elles sont correctement effectuées, peuvent permettre un réemploi rapide de structures parfois très anciennes !