Le Ministère de la Transition écologique et solidaire français a publié en 2018 un article sur le recyclage et le réemploi de matériaux de voirie par la Ville de Paris. Un grand nombre de matériaux sont ainsi réemployés après nettoyage et c’est notamment le cas de certains types de pavés. La quantité de pierres naturelles de récupération posées en voirie y est passée en dix ans de 20% à 80%, inversant ainsi les proportions !
Auteur/autrice : Adokin
EEH – RCD – DCD
Les déchets de construction et de démolition, DCD (souvent appelés déchets du BTP en France), représentent approximativement un tiers du total des déchets produits dans le monde. Ci-dessous, les données relatives à l’Europe, la France, la Belgique, l’Espagne et la Communauté Autonome du Pays-Basque.
Le Parlement Européen a émis la Directive 2008/98/EC qui préconise la valorisation d’un minimum de 70% des DCD en 2020. Si la plupart des pays semblent sur la bonne voie, le type de récupération s’apparente néanmoins majoritairement à une valorisation via du remblais.
Les DCD sont appelés RCD en espagnol (Residuos de Construcción y Demolición) et EEH en basque (Eraikuntza eta Eraispen Hondakinak).
Construction waste generation 2016
EUROPE – 923 670 000 t (36%) – 1,81 t/hab. – 89%
BELGIQUE – 19 573 150 t (31%) – 1,73 t/hab. – 95%
FRANCE – 224 355 946 t (69%) – 3,37 t/hab. – 71%
ESPAÑA – 35 827 923 t (28%) – 0,77 t/hab. – 79%
EUSKADI – 1 261 661 t (21%) – 0,58 t/hab. – 65%
GEO – Construction waste (t) (% of total waste) – t/hab. – Recovery rate (%)
Données relatives à la communauté autonome du Pays basque – Euskadi íci
Embodied energy
L’énergie grise, produite lors de l’extraction, la transformation et la mise en oeuvre des matériaux de construction, correspond à 30% de l’énergie totale consommée par un bâtiment, les 70% restant correspondant à l’énergie opérationnelle, produite durant sa vie effective (cliquer ici pour d’avantage d’information à ce sujet). Les mesures prises actuellement se concentrent sur l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments et par conséquent s’attaquent à une réduction de l’énergie opérationnelle. Il est temps désormais de s’intéresser d’avantage aux mesures permettant la diminution de l’énergie grise, surtout lorsque l’on tient compte de l’augmentation prévue de l’espace construit lors des prochaines décennies.
Le réemploi, l’innovation ainsi que l’analyse préalable permettant un choix de matériaux à faible impact environnemental, deviendront indispensables dans les prochaines années. Building Transparency vient de présenter un outil gratuit, EC3, permettant de déterminer l’impact de chaque matériau en se basant sur les informations fournies par les EPD (Environmental Product Declaration) des matériaux de construction.
«Sand Wars»
Au-delà du coût énergétique et écologique faramineux de l’extraction des matières premières servant à l’élaboration des matériaux de construction, l’extractivisme doit en outre faire face à un phénomène de raréfaction. Le documentaire de Denis Delestrac «Le sable, enquête sur une disparition» / «Sand Wars» datant de 2013 met l’accent sur l’inquiétante raréfaction de cette ressource naturelle fortement demandée par le secteur de la construction et s’attaquant à 75% des plages dans le monde.
Le film est à voir sur Vimeo.
Material Footprint
Le site Materialflows donne une idée de la consommation de matières premières (RMC – Raw Material Consumption) par secteur d’activité et par pays. En 2013, le secteur de la construction en Espagne représentait la part la plus importante, soit 24%, de la consommation de matières premières du pays. En France, ce secteur comptait pour 15% et pour 18% en Belgique.
A titre d’exemple, l’extraction de granulats ou agrégats (sable, gravillon, gravier – sand gravel and crushed rock) sur la période entre 1970 et 2017, augmente de 409% dans le monde pour arriver à 28 562 274 kt extraites. L’Europe prenait à son compte en 2017 11% de ces quantités.
Autre donnée issue de ce site, en 2015, environ 84,4 Gt de matières premières étaient extraites dans le monde mais seulement 8,4 Gt, soit environ 10%, de matériaux recyclés réintégraient le marché !
ACV
L’analyse du cycle de vie (ACV) des matériaux de construction et des bâtiments pour en mesurer l’impact environnemental se fait selon différentes étapes que l’on pourrait distinguer comme suit : l’extraction des matières premières, la fabrication des matériaux de construction, leur vente et distribution, la construction proprement dite, l’occupation du bâtiment et sa durée de vie effective, et la démolition/déconstruction en fin de vie. Sur chacun de ces points, un travail spécifique pourrait être mené afin d’en diminuer l’impact environnemental. Le réemploi des matériaux est l’un d’eux !
Si l’ACV permet de déterminer l’empreinte écologique des matériaux de construction et des bâtiments, le calcul de l’empreinte carbone se concentre quant à lui uniquement sur les émissions de gaz à effet de serre responsables du dérèglement climatique et exprimées en équivalents CO2.
Voir ici une publication sur le sujet (ADEME, Agence de la Transition Écologique en France)
«The Origins of Sustainable Design»
Nouvel article de la revue Metropolis sur les origines du design durable dans l’architecture aux Etats-Unis dans les années 90, reprenant leur couverture de octobre 2003 et le fameux « Architects pollute » qui mettait en évidence les liens importants entre construction, émissions de CO2 et dérèglement climatique.
En 2018, la construction et l’exploitation des bâtiments représentait en effet 36% de la consommation d’énergie finale mondiale et 39% des émissions de CO2. Voir à ce propos le rapport 2019 de l’IEA (International Energy Agency), sur le portail européen BUILD UP (European Portal For Energy Efficiency in Buildings).
D’autres articles de Metropolis sur la construction et l’architecture durable à lire ici.
#ConstructionDeclares
Appel des architectes face à l’urgence climatique
Depuis 2019, des professionnels du secteur de la construction au Royaume-Uni se mobilisent face à l’urgence climatique et écologique. On considère que ce secteur représente près de 40% des émissions de CO2 à travers le monde ! Les centaines de signataires sont rejoints par des professionnels d’une vingtaine d’autres pays comme la France, l’Allemagne ou la Belgique et s’engagent à intégrer les préoccupations environnementales à leur pratique. L’Espagne manque encore à la liste !