Si la pratique du réemploi des matériaux de construction semble aujourd’hui relativement marginale, elle était encore courante il y a un peu plus d’un siècle. En 1890, le «Diario de Cataluña » (extrait ci-dessous en espagnol) fait ainsi part d’une vente publique, par lots, de matériaux (tuiles, bois, fer…) issus de la déconstruction partielle du Palais de l’Industrie à Barcelone ainsi que de projets de réemploi pour certains de ces matériaux.
De la même manière, «Le Soir » (extrait ci-dessous) mentionne, en 1893, la vente publique de matériaux issus de la démolition du Château royal de Laeken en Belgique. À peu près à la même époque, d’autres journaux font d’ailleurs mention de magasins et de dépôts de vieux matériaux, de la manière dont les projets se finançaient en vendant des matériaux déconstruits ou dont des expropriations pouvaient mener à la vente de matériaux.
Ces pratiques de réemploi restent en vigueur jusqu’au début du XXe siècle. En 1903, en France, «L’Annuaire du Bâtiment, des Travaux Publics et des Arts Industriels » (extrait ci-dessous) donne une série de prix pouvant être appliqués à la dépose, au nettoyage, au transport et à la repose sur place ou non de différents matériaux.
Extraits:
Diario de Cataluña (16-01-1890), p. 2 : « En uno de los días de la semana próxima, se verificará una subasta pública para la adjudicación de los materiales procedentes del derribo de las naves laterales del Palacio de la Industria. Se han formado lotes de diversas clases, entre ellos de tejas, maderas y hierro. Parte de dichos materiales se aprovecharán para la verja y galerías del nuevo Palacio Real que se está construyendo en la Ciudadela. También se destinará otra parte a las puertas, cerca y otras dependencias del nuevo Matadero. »
Le Soir (10-12-1893), p. 3 : « Le receveur des domaines de Bruxelles-banlieue […] procédera […] au jardin du Château royal de Laeken, à la vente publique de vieux matériaux et objets provenant de la démolition du Château royal de Laeken, consistant en poutrelles de fer (11,280 kilos), vieux plomb (450 kilos), vinc [sic] zinc (400 kilos), 425 châssis, portes, un dynamo en bon état avec accessoires, etc., etc. »
Annuaire du Bâtiment des Travaux Publics et des Arts Industriels (1903), p. 2312 et suivantes et principalement p. 2322 et 2323 (les prix sont donnés en francs et centimes): « Prix et renseignements pouvant être appliqués aux appareils, articles, matériaux & produits ordinairement employés […] / Décarrelage de carreaux petits et grands avec son réemploi sur place (le mètre superficiel) 0 09 […] / Découverture (au mètre superficiel) : – en ardoise 0 24 – en zinc pour réemploi 0 27 – en tuiles plates 0 20 – en tuiles à emboîtement 0 10 […] / Dépavage de pavés posés sur mortier de chaux sans transport, mais avec rangement et décrottage, le mèt. Sup. 0 25 […] / Dépose de pierres avec soin pour être conservée [sic] […], le mètre cube 7 00 […] – en démolition 3 70 […] / Dépose et repose de persiennes […] / Dépose de verres, compris démasticage, (prix moyen) le mètre superficiel 1 05 / Dépose et repose de vasistas, la pièce 0 60 / Dépose et repose de châssis de toit […] / Dévoligeage (au mètre superficiel) – pour réemploi 0 30 – pour démolition 0 10 […] »